Comment analysez-vous ce « moment » du paritarisme ?
Incontestablement, le vent a tourné. À partir de 2017, les partenaires sociaux ont fait l’objet d’une certaine défiance et d’attaques contestant notamment leur légitimité à fixer les règles d’assurance chômage. Ils ont assisté à une reprise en main par l’État.
Aujourd’hui, force est de constater que ce paritarisme, que l’on disait hier moribond et illégitime, a repris des couleurs.

Aujourd’hui, force est de constater que ce paritarisme, que l’on disait hier moribond et illégitime, a repris des couleurs.
Comment l’expliquez-vous ?
Le contexte a changé. Mais aussi les partenaires sociaux ont fait la démonstration de leur capacité à aboutir à des compromis et du sérieux de leur gestion. Et ceci, alors que nous avons traversé des périodes extrêmement compliquées, c’est le moins que l’on puisse dire… Ils n’ont pas à rougir de la gestion qui a été la leur sur des pans entiers du système de la protection sociale, à savoir l’Assurance chômage, les institutions de prévoyance, Action Logement, les retraites complémentaires du privé. Ces dernières disposent d’ailleurs de réserves financières substantielles.
L’Unédic n’est pas tout à fait dans la même situation…
L’État cherche à puiser dans les ressources des organismes relevant du paritarisme. C’est particulièrement le cas du régime d’assurance chômage, l’État voulant financer d’autres politiques publiques et des déficits publics.
Nous vivons un moment particulier de l’histoire du paritarisme.
Oui, nous sommes loin de 2017… Mais attention, cela ne veut pas dire que ces critiques ne reviendront pas un jour ! D’une part, parce que le paritarisme a toujours engendré des réactions excessives, entre la diabolisation d’un côté, et la fétichisation de l’autre. Mais aussi parce que la situation sur le marché de l’emploi s’est récemment obscurcie. Si ce retournement se confirmait, cela aurait bien sûr un impact sur les comptes de l’Unédic et les critiques trouveront un sol fertile pour s’exprimer à nouveau…
Dans vos écrits, vous évoquez parfois une nécessaire évolution du paritarisme. Que voulez-vous dire par cela ?
Le paritarisme est fondé sur l’idée que les représentants des salariés et des employeurs sont les mieux placés pour gérer les risques sociaux parce qu’ils sont les premiers concernés et qu’ils financent le régime grâce aux cotisations. Ils en tirent une réelle légitimité. Mais cette légitimité s’affaiblit quand on voit les taux de participation aux élections syndicales, qui sont extrêmement bas. Une hausse de cette participation contribuerait forcément à la renforcer.
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En savoir plusNouvelle convention d'assurance chômage, financement du régime, idées reçues sur le chômage, profil des demandeurs d'emploi, ou encore impact de l'intelligence artificielle sur le travail... Autant de thématiques évoquées au sein de Transitions, le rapport annuel de l'Unédic.