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Les éléments pris en compte dans la prévision financière
Les prévisions financières de l’Unédic sont réalisées trois fois par an (février, juin, octobre). Elles s’appuient sur les indicateurs macro-économiques (prévisions du PIB et d’inflation du Consensus des économistes) et les politiques publiques de l'emploi.
Dans le contexte actuel marqué par de fortes incertitudes, cette prévision d’octobre prend en compte les éléments connus à date. Elle n’inclut pas :
- Les effets potentiels des négociations d’assurance chômage 2024.
- Les effets potentiels sur l’emploi du projet de loi de finances 2025 et le projet de loi de financement de la sécurité sociale 2025.
- La mesure issue de la loi pour le Plein emploi du 18 décembre 2023 visant une inscription généralisée des bénéficiaires du RSA auprès de France Travail en 2025.
Le 22 octobre, l’Unédic a présenté les prévisions financières du régime pour la période 2024-2027. La situation financière du régime devrait être équilibrée en 2024. Le solde est dégradé sur chaque année de la période, en raison notamment d’une conjoncture économique plus défavorable qu’anticipé jusqu’alors. Cependant, c'est principalement la non-compensation partielle des exonérations de cotisations, décidée fin 2023, qui freine significativement le désendettement de l'Assurance chômage. Ces prélèvemements contraignent l’Unédic à emprunter sur les marchés financiers, dans un contexte de taux élevés, pour rembourser les échéances dues.
Une conjoncture économique dégradée
D’après le dernier Consensus des économistes, la croissance serait plus faible que prévu à l’horizon de la prévision : 1,1% en 2024, 1,0% en 2025, 1,3% en 2026 et 1,4% en 2027.
L’inflation baisserait plus rapidement qu’escompté auparavant. Elle serait de 2,2% en 2024 (après 4,9% en moyenne sur 2023), puis inférieure à 2% de 2025 à 2027.
Un marché de l'emploi en ralentissement
En 2024 et 2025, les créations d’emploi seraient limitées (respectivement +38 000 et +31 000). Une reprise plus marquée débuterait en 2026 (+131 000) et se poursuivrait en 2027 (+146 000).
À partir de 2026, la poursuite de la montée en charge de la réforme 2023 et une conjoncture devenue plus favorable feraient reculer le nombre de chômeurs indemnisés à 2,4 M en 2027.
Un solde à peine à l'équilibre en 2024
Les recettes du régime – en intégrant les prélèvements de l’État – continueraient d’augmenter jusqu’en 2027 (45,3 Md€ en 2024, 45,6 Md€ en 2025, 46,0 Md€ en 2026 et 51,1 Md€ en 2027[1]), bien qu’inférieures à ce qui était anticipé lors des précédentes prévisions en raison du contexte économique dégradé.
Les dépenses du régime, quant à elles, diminueraient (44,9 M€ en 2024, 43,9 Md€ en 2025, 42,5 Md€ en 2026 et 41,7 Md€ en 2027).
Le solde 2024 de l’Assurance chômage s’élèverait à 300 M€. Il serait ensuite de 1,8 Md€ en 2025, 3,5 Md€ en 2026 et 9,4 Md€ en 2027(1).
Au-delà du contexte économique dégradé, le solde du régime est affecté par les prélèvements de l’État, comme en 2023. Pour 2024, il aurait été de 3,1 Md€ sans ces prélèvements.
Les prélèvements de l'État freinent le désendettement du régime
Si le régime d’assurance chômage continue de réduire sa dette, remboursée à partir de ses excédents, sa trajectoire de désendettement est infléchie : elle est contrainte par la non-compensation partielle des exonérations de cotisations, décidée arbitrairement par un arrêté gouvernemental du 27 décembre 2023. Les recettes du régime seront ainsi réduites de 12,05 Md€ de 2023 à 2026, contraignant l’Unédic à recourir à l’emprunt sur les marchés financiers pour rembourser ses échéances[2]. Ce recours à l’emprunt représente un coût supplémentaire estimé à 0,9 Md€ entre 2023 et 2027. Au total, les décisions gouvernementales diminuent de près de 13 Md€ les capacités de l’Unédic à rembourser la dette de l’Assurance chômage. À l’horizon 2027, la capacité de désendettement de l’Unédic reste soumise à l’incertitude habituelle du contexte macroéconomique et à de potentielles nouvelles décisions ayant un impact significatif sur l’équilibre financier du régime.
La dette du régime d’assurance chômage atteindrait 44,3 Md€ en 2027. Elle aurait été de 31,3 Md€ sans les prélèvements de l’État. Cette dette comprend toujours la « dette Covid », soit 18,1 Md€ mis à la charge de l’Unédic.
[1] Dans l’hypothèse qu’il n’y aura pas de prélèvements de l’État en 2027.
[2] La dette a été constituée de telle sorte que les échéances de remboursement annuelles sont d’un montant moyen d’environ 4 Md€ par an. Cet amortissement est cohérent par rapport aux excédents du régime d’Assurance chômage en période de reprise économique. Il permet aussi la maîtrise du risque de liquidité en période de crise.