Les nouvelles conventions - tripartite et d'assurance chômage -dessinent un nouveau contexte. Comment les IPR doivent-elles s’y adapter ?
La nouvelle convention d’assurance chômage consacre le rôle du paritarisme. Et ce qui le distingue, c’est la proximité avec le monde du travail. Cette connexion avec le terrain confère aux partenaires sociaux non seulement une légitimité, mais aussi une capacité unique à faire remonter rapidement les besoins et les problématiques rencontrées sur le terrain. Dans ce nouveau contexte, les membres des instances paritaires régionales participent à l’exercice du pouvoir par la démocratie sociale. Et pour qu’ils puissent pleinement remplir leurs missions, il est indispensable de renforcer leurs moyens. Cela passe par l’accès à la formation et une reconnaissance accrue de leur rôle.

Les membres des instances paritaires régionales participent à l’exercice du pouvoir par la démocratie sociale.
Quel regard portez-vous sur la dynamique initiée par le Livre blanc des IPR ou encore le séminaire interrégional de décembre 2024 ?
Tout ce travail marque la fondation d’un véritable réseau des IPR. Les instances fonctionnent de manière très autonome. L’animation menée par l’Unédic leur a permis de prendre conscience qu’elles forment un ensemble. Ce réseau repose sur un maillage, où les liens ne sont pas uniquement verticaux mais transversaux entre ses membres. Au-delà des actions concrètes du Livre blanc, ce qui me semble le plus fort, c’est cette dynamique collective qui donne aux IPR les moyens d’être plus efficaces, en travaillant ensemble.
L’Unédic s’est engagée dans une démarche RSE. De quelle manière les IPR peuvent-elles y être associées ?
L’Unédic s’est engagée volontairement dans la mesure de sa performance extra-financière. L’approche RSE que nous construisons doit rester ancrée dans notre mission sociétale. Notre impact dépasse en effet l’aide directe aux allocataires : il soutient l’économie, le pouvoir d’achat, et prévient le chômage. Les membres des instances paritaires doivent avoir conscience de cet impact sociétal. Je crois à l’intelligence collective. Elle doit être placée au cœur d’une réflexion sur la responsabilité sociétale du régime où les IPR ont toute leur place.
Quels thèmes majeurs devront mobiliser les IPR dans leur mission de veille en 2025 ?
La réglementation d’assurance chômage s’applique à tous, mais elle ne peut prendre en compte toutes les situations spécifiques. Cela peut engendrer des injustices. L’enjeu est de nourrir les réflexions des instances chargées d’élaborer les futures règles afin qu’elles intègrent mieux les cas particuliers rencontrés sur le terrain. En ce sens, les IPR n’ont pas nécessairement à se focaliser sur un domaine précis en 2025. Leur mission est avant tout d’apporter du pragmatisme là où il a pu manquer, en identifiant et en remontant les cas spécifiques.
Cette année, un tiers des mandats est renouvelé. Quel message souhaitez-vous transmettre aux nouveaux mandatés ?
En acceptant ce mandat, les mandatés prennent une responsabilité qui nécessite un véritable engagement. Mais pour pouvoir s’investir pleinement, il faut en retirer quelque chose en retour : de l’intérêt, du plaisir, et le sentiment d’être utile. Des critères qui, d’ailleurs, ont toujours guidé mes propres choix. J’espère que les nouveaux mandatés, comme les anciens, trouveront dans leur mission ces éléments essentiels pour s’engager pleinement.
Enfin, je tiens à leur rappeler qu’ils n’hésitent pas à faire remonter ce qu’ils observent, ce qui les dérange ou les préoccupe. Ils seront toujours écoutés.
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Patricia Ferrand, vice-présidente de l’Unédic, revient sur les défis de la participation des IPR au Réseau pour l’emploi.
Consulter le rapport IPR 2024Que retenez-vous de 2024 ? Quels enjeux pour les IPR avec la mise en place de France Travail ?
Parmi les faits marquants de 2024, je veux souligner l’impact d’une action des IPR : leur alerte, lancée en 2023, sur les indus retraites a mis en lumière des dysfonctionnements dans la coordination entre France Travail et la CNAV. Grâce à leur vigilance, la nouvelle convention signée en 2024 entre la CNAV, France Travail et l’Unédic est une première étape pour permettre de mieux traiter ces situations.
En ce qui concerne France Travail, 2024 a été une année de mise en place du Réseau pour l’emploi, dont les déclinaisons ne sont pas encore toutes terminées à ce jour. Les IPR, qui ont une mission d’élaboration du diagnostic territorial, peuvent apporter un regard paritaire sur l’évolution du marché du travail, complémentaire à celui des membres du réseau. L’enjeu n’est pas nécessairement d’intégrer ce réseau mais plutôt de créer des passerelles avec les instances locales comme les CREFOP et/ou les comités régionaux pour l’emploi.
Quelles perspectives pour 2025 ?
En 2025, le défi des IPR est d’innover dans leurs pratiques pour aller à la rencontre des acteurs de l’écosystème de l’emploi, créer des échanges réguliers et valoriser leur regard spécifique. L’Unédic pourra les accompagner dans cette émancipation d’une vision administrative de leur rôle qui se limiterait à la gestion des recours individuels et au traitement des dossiers, afin que les instances affirment davantage leur fonction de représentation des partenaires sociaux et leur expertise sur les réalités locales du chômage.
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Les IPR et le Réseau pour l’emploi selon la Convention tripartite
Consulter la convention tripartite« Les instances paritaires s'assurent de la cohérence de la stratégie du Comité régional du réseau pour l'emploi au regard du diagnostic territorial sur laquelle cette stratégie se fonde et des axes stratégiques de la Convention Tripartite. Enfin, dans le cadre de ces missions, les instances pourront utilement être auditionnées par les comités régionaux du réseau pour l'emploi établis au sein des CREFOP. »