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Baromètre Unédic : Quelle perception les jeunes ont-ils du chômage ?

Le Baromètre Unédic livre des éléments sur la manière dont les moins de 30 ans perçoivent le chômage et l’emploi, avec parfois d’importants contrastes par rapport au reste de la population.

29 avril 2025 - Adrien Gaboulaud

Le taux de chômage des jeunes a connu un recul notable à la sortie de la crise Covid-19, passant sous le seuil des 20 %. Il est reparti à la hausse à partir de 2023. Pour les 15-24 ans, il atteignait 19 % au 4e trimestre 2024, contre 7,3 % pour l’ensemble de la population, selon l’Insee. Comment les moins de 30 ans perçoivent-ils la situation de l’emploi en France ? Quel regard portent-ils sur leur avenir professionnel ? Comment appréhendent-ils le risque du chômage ? Le Baromètre de la perception du chômage et de l’emploi, réalisé avec le cabinet Elabe, livre des éléments de réponse à ces questions.

Les personnes de moins de 30 ans apparaissent ainsi tout aussi pessimistes sur la situation de l’emploi que le reste de la population. En revanche, en dépit des soubresauts de la crise Covid dont ils ont été les victimes, les jeunes expriment majoritairement une forme de confiance dans leur avenir professionnel. Cet optimisme relatif s’exprime malgré un risque de chômage fortement ressenti. Cela peut s’expliquer en partie par la conviction de pouvoir retrouver sans difficulté du travail, assez majoritairement partagée par les moins de 30 ans. Enfin, le regard que portent les jeunes sur le chômage, les demandeurs d’emploi et l’Assurance chômage se distingue sur certains points clés (Encadré 1).

Chez les jeunes, une perception de la situation de l’emploi pessimiste et proche de la moyenne

Les Français dans leur ensemble ont une perception plutôt pessimiste de la situation de l’emploi. Même lorsque le taux de chômage s’améliore, une majorité de personnes interrogées considère que la situation de l’emploi se dégrade, comme établi fin 2022 à l’occasion du volet 4 du Baromètre Unédic. Le 6e volet, publié fin 2024 alors que les perspectives pour l’emploi sont plus ternes (voir Encadré 2 pour la méthodologie), confirme ce constat. Il faut cependant noter qu’en dépit d’un pessimisme majoritaire, l’opinion sur la situation de l’emploi évolue de manière cohérente avec l’évolution du taux de chômage, et ce depuis le premier volet du Baromètre Unédic en 2020.

Les moins de 30 ans ne se distinguent pas de leurs ainés sur ce point : 50 % considèrent que la situation de l’emploi se dégrade (Graphique 1), une proportion comparable à celle des autres tranches d’âge. Les moins de 30 ans en emploi (qui ne sont ni demandeurs d’emploi, ni étudiants, par exemple) ne se distinguent que par une proportion de répondants considérant que la situation de l’emploi « reste la même » un peu plus élevée (47 %) que les autres classes d’âge. Les 60 ans ou plus sont notablement moins pessimistes, avec 16 % qui estiment que la situation s’améliore.

Pour eux-mêmes, une forme de confiance dans leur avenir professionnel

Les jeunes ont été durement frappés par les conséquences de la pandémie de Covid-19. Les étudiants, en particulier, ont été nombreux à souffrir des conséquences des confinements. La dégradation des conditions de travail des jeunes dans cette période a été documentée notamment par le Céreq. Cependant, les moins de 30 ans tendent à être plus optimistes que les autres tranches d’âge en ce qui concerne leur avenir professionnel (Graphique 2) ; 16 % allant même jusqu’à se déclarer « très optimistes ». Le constat vaut pour ceux des moins de 30 ans qui sont en emploi. Les 60 ans ou plus se montrent plus pessimistes, avec 9 % de personnes qui se déclarent « très pessimistes » quant à leur avenir professionnel.

Ce constat sur l’optimisme des moins de 30 ans s’est vérifié dans chaque volet du Baromètre Unédic depuis que la question a été introduite dans l’enquête fin 2020, même si les jeunes se révélaient un peu plus pessimistes en plein cœur de la crise pandémique que par la suite.

Un risque de chômage fortement ressenti

L’optimisme nettement majoritaire des jeunes quant à leur avenir professionnel contraste avec la manière dont ils perçoivent le risque de chômage. Pour répondre à cette question, les personnes interrogées sont invitées à quantifier la probabilité de connaître une période de chômage au cours des deux prochaines années par une note de 0 à 10, 10 étant la probabilité la plus élevée. Plus de 4 jeunes sur 10 attribuent une note de 6 ou plus, une proportion sensiblement plus élevée que pour les autres tranches d’âge (Graphique 3), et 6 % attribuent même la note maximale de 10, indiquant une quasi-certitude de connaître prochainement le chômage. Ce sentiment paraît encore un peu plus appuyé chez les moins de 30 ans en emploi. 

Cette crainte du chômage plus prononcée de la part des jeunes était présente dans les volets précédents du Baromètre Unédic, même si elle était moins fortement exprimée fin 2022, au moment de la reprise économique post-Covid.

Les moins de 30 ans ont relativement confiance dans leur capacité à retrouver du travail

La perception d’un risque de chômage prochain par les moins de 30 ans est à mettre en regard de leur relative confiance dans leur capacité à retrouver un emploi. Il a été demandé aux personnes interrogées d’attribuer une note de 0 à 10 pour qualifier leur perception de la facilité à retrouver un emploi, 10 étant le plus facile. Chez les moins de 30 ans, 56 % attribuent une note de 6 ou plus (Graphique 4). Les jeunes en emploi sont notablement plus confiants que l’ensemble des moins de 30 ans, tout comme les 30-39 ans. A partir de 50 ans, en revanche, les personnes sont sensiblement plus nombreuses à anticiper des difficultés.

On peut souligner que ce constat concernant les jeunes n’est pas modifié si l’on précise dans la question « retrouver un emploi au même salaire » ou « retrouver un emploi au même salaire et au même niveau de compétences et de responsabilités ».

  • Encadré 1 - Des perceptions du chômage, des demandeurs d'emploi et de l'Assurance chômage qui divergent

    Les personnes de moins de 30 ans portent un regard singulier sur le chômage, les demandeurs d’emploi et l’Assurance chômage. Ainsi, les jeunes sont nettement plus susceptibles que le reste des personnes interrogées de pointer des causes du chômage relevant de la responsabilité des entreprises (causes citées par 63 % des moins de 30 ans contre 43 % par l’ensemble des Français) et nettement moins enclins à faire porter la responsabilité sur les chômeurs eux-mêmes (43 % contre 53 % par l’ensemble).

    Les moins de 30 ans sont également un peu moins disposés à partager le point de vue selon lequel « la plupart des chômeurs fraude pour toucher des allocations » (34 % d’accord contre 37 % de l’ensemble), et ils s’opposent plus fortement à l’idée selon laquelle les « chômeurs sont des assistés » (71 % pas d’accord contre 64 % de l’ensemble). Ils sont également les moins nombreux (39 % contre 46 % de l’ensemble) à considérer que « les allocations chômage sont un frein au retour à l’emploi » ; ils rejettent aussi plus fortement l’idée que « la durée moyenne des droits aux allocations chômage est trop longue » (58 % pas d’accord contre 53 % de l’ensemble).

    Enfin, les moins de 30 ans sont 60 % à se déclarer « attachés au modèle français d’assurance chômage », comme l’ensemble des Français. Cette proportion est en forte progression (+13 points) par rapport au volet précédent du Baromètre Unédic, réalisé en 2023. Cette évolution d’ampleur est spécifique aux jeunes.

  • Encadré 2 - Méthodologie du Baromètre de la perception du chômage et de l'emploi

    Cette étude a été réalisée en ligne, avec l’institut Elabe, du 4 au 27 septembre 2024. Étude quantitative, menée auprès d’un échantillon de 4 522 individus, représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus. Les détails de la méthodologie et d’échantillonnage sont indiqués dans le document présentant l’étude complète.

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