En bref

Baromètre Unédic : La perception des Français sur les métiers d'avenir

Le Baromètre de la perception du chômage et de l’emploi, réalisé pour l’Unédic par l’institut Elabe, inclut dans son quatrième volet paru en décembre 2022 des éléments sur la vision que les Français portent sur les « métiers dans 10 ans ».

Unédic

Adrien Gaboulaud

25 mai 2023

  • Baromètre Unédic de la perception du chômage et de l'emploi

    Dans le cadre de la quatrième édition du Baromètre de la perception du chômage et de l’emploi, l’institut Elabe a analysé pour l’Unédic le regard des Français sur la situation de l’emploi, et leurs représentations du chômage. Les trois volets précédents du Baromètre avaient été réalisés respectivement en mars 2020 (avant la crise Covid-19), juillet 2020 et septembre 2021.

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Dans leur rapport « Les Métiers en 2030 » paru en mars 2022 , France Stratégie et la Dares livraient des projections détaillées sur les créations d'emploi métier par métier. En interrogeant directement les Français sur leur perception des « métiers d'avenir », l'Unédic apporte un éclairage complémentaire sur la façon dont l'opinion considère les bouleversements qui s'annoncent. Le Baromètre de la perception du chômage et de l'emploi, paru en décembre 2022, livre des éléments permettant de mieux saisir la façon dont les Français se projettent à dix ans. Menée auprès d'un échantillon de 4 525 individus, représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus, l'étude a été réalisée par Elabe.

Ainsi sollicités, les Français anticipent par exemple qu' « il y aura plus d'emplois qu'aujourd'hui » pour les aides à domicile (61% des sondés), les ingénieurs de l'informatique (56%) ou les infirmiers, sage-femmes et aides-soignants (38%) (Graphique 1). Ils estiment en revanche à 66% que les emplois d'agriculteurs seront moins nombreux dans les dix prochaines années. Un résultat à mettre en regard avec les conclusions de travaux de prospective tels que ceux du Shift Project, qui estime que des créations massives d'emplois agricoles (environ 500 000) seront nécessaires pour que la France atteigne la neutralité carbone en 2050.

Il est également intéressant de mettre les éléments du Baromètre Unédic en perspective avec les résultats du rapport « Les Métiers en 2030 » de France Stratégie et la Dares. Selon cette source, les métiers qui seront les plus créateurs d'emploi (entre 110 000 et 115 000 chacun) seraient les ingénieurs informatiques, les infirmiers-sages-femmes, les aides-soignants et les cadres commerciaux. Ces derniers arrivent pourtant plus bas dans les perceptions des Français, derrière les enseignants et les coiffeurs. Les aides à domicile, placés en tête par les personnes interrogées dans le Baromètre Unédic, ne figurent qu'en cinquième position des métiers « en expansion » identifiés par les auteurs du rapport « Les Métiers en 2030 », avec environ 100 000 créations de postes à l'horizon 2030.

Les Français conseillent l'informatique et les métiers manuels

Outre une question basée sur une liste de métiers, le Baromètre Unédic comprenait une question ouverte, sans aucun item de réponse suggéré, permettant aux répondants et répondantes de formuler « des conseils pour choisir une voie professionnelle » à « un enfant ou un adolescent ». Cette méthode permet une expression plus spontanée des perceptions. Une exploration de l'ensemble des réponses, avec le logiciel Hyperbase Web, développé au CNRS - Université Côte d'Azur et conçu pour l'analyse statistique des textes, permet de calculer la fréquence d'utilisation des mots contenus dans le corpus. Les réponses sont très variées, mais il apparaît que les sondés sont nombreux à utiliser le mot « informatique » (16,61 occurrences pour 1000 mots).En outre, on peut noter que le mot « informatique » est présent dans 12% des réponses. Les mots « numérique » et « technologie(s) », au pluriel comme au singulier, figurent également en bonne place (Graphique 2). Dans un champ lexical proche, on peut noter la présence dans le « top 50 » des mots les plus employés de « robotique » et « artificielle », dont chaque occurrence relevée dans le corpus correspond au syntagme « intelligence artificielle ». Ainsi, une des réponses est formulée : « un secteur d'activité dans l'informatique, l'intelligence artificielle ».

Cette approche montre par ailleurs un plébiscite pour les métiers dits manuels. Le mot « manuel(s) », au singulier comme au pluriel, figure en haut du classement (8,67 occurrences pour 1000 mots, présent dans environ 7% des réponses). Dans le même champ lexical, le mot « artisanat » est fréquemment cité. Des métiers précis sont mêmes évoqués comme « plombier » ou « électricien ». « Une spécialisation dans un domaine de son choix, manuel ou intellectuel, grâce à un apprentissage ou des formations qualifiantes. Ne pas mépriser les métiers manuels (plombier chauffagiste, mécanicien, technicien en général, des personnes qui interviennent sur le terrain) », écrit par exemple une personne. Une part importante des personnes interrogées cite dans la même réponse des métiers dits manuels et des métiers très différents, par exemple dans l'informatique.

Les métiers relatifs au soin et à la santé sont mentionnés. Le mot « santé » figure dans le top 10 des plus employés (7,46 occurrences pour 1000 mots, présent dans un peu plus de 5% des réponses), tandis que « médical » et « médecine » sont également fréquents. « Tous les métiers liés à la santé, avec une population qui vieillit on aura besoin de personnes compétentes dans le sanitaire et social », développe par exemple une des personnes interrogées. Le mot « aide » est en outre très présent, majoritairement dans le syntagme « aide à la personne » ou « aide à domicile », plus rarement pour « aide-soignant » ou « aide-soignante ».

On note par ailleurs que la forte présence du mot « sais » est liée pour l'essentiel à des réponses contenant l'expression« je ne sais pas », présente dans plus de 4% des réponses. Certaines personnes apparaissent en effet démunies face à la question posée : « Honnêtement je ne sais pas, l'avenir est bien trop incertain », répond l'une d'elles.

La question environnementale apparaît dans les réponses des sondés

On note par ailleurs la présence des mots « environnement » (3,05 occurrences pour 1000 mots) et « écologie » (1,94) parmi les 50 termes les plus utilisés. Ces termes sont parfois associés à d'autres suggestions sur les métiers de l'informatique ou de la santé, mais la thématique de la transition écologique est à plusieurs reprises citée seule. En revanche, alors que les répondants et répondantes citent parfois des métiers précis lorsqu'ils évoquent les métiers dit manuels, ils entrent plus rarement dans le détail pour ce qui concerne la thématique écologique. « La transition écologique, le photovoltaïque, la gestion de l'eau, protection de la faune et la flore, l'environnement, la construction, l'architecture, recherche en nouveaux matériaux pour le bâtiment, recyclage », énumère une personne interrogée.

Ces résultats font écho à d'autres éléments figurant dans le Baromètre Unédic : 26% des personnes interrogées considèrent que la transition écologique aboutira à « plus de créations que de destructions d'emplois », tandis que 42% anticipent « autant de créations que de destructions d'emploi ». En outre, le premier volet de l'étude « Le travail en transitions » paru en avril 2023 et intitulé « Crise et transition écologiques : quels impacts sur le travail ? », explore en détail les perceptions des actifs quant à l'influence des questions environnementales sur leur vie professionnelle. Il apparaît ainsi que 85% des actifs sont au moins « préoccupés » par le changement climatique, dont 21% se disent même « anxieux ».

Enfin, on peut souligner la présence des mots « aime » et « plaît », respectivement au 18e et 20e rang des plus utilisés, qui s'explique tout simplement par un conseil répété à de nombreuses reprises : « faire ce qu'il/elle aime », « ce qui lui plaît ». Cette suggestion est parfois tempérée par d'autres conseils : « Choisir un métier qu'il aime avec un bon salaire et travailler dans les logiciels » ; « Ce qui lui plaît et surtout se renseigner sur les débouchés et les études valorisantes ». Pour une part importante des sondés, la notion de « métier qu'on aime » semble donc au moins aussi pertinente que celle de « métier d'avenir ».