Réalisé avec l'institut Elabe, le Baromètre Unédic analyse la perception des Français et des demandeurs d'emploi sur le chômage et l'emploi. L'étude permet ainsi d'éclairer sur l'évolution des représentations de la société sur ce sujet, en comparant la première édition réalisée avant le premier confinement de 2020, le volet 2 effectué au cœur de la crise après ce premier confinement et enfin ce dernier volet réalisé en septembre dernier en période de reprise.
Perception du rebond du marché de l'emploi
Le sentiment d'une dégradation de la situation de l'emploi reste majoritaire mais recule très fortement par rapport au volet 2 publié en septembre 2020 (49% des Français font ce constat, c'est 24 points de moins). La perception de la situation de l'emploi revient à des niveaux comparables à la période pré-covid.
Les actifs en emploi (68%, +8) comme les demandeurs d'emploi (60%, +12) sont optimistes pour l'avenir de leur vie professionnelle, un optimisme en nette progression.
Ce regard plus positif sur la situation de l'emploi s'ancre sur la perception que le secteur d'activité dans lequel ils exercent se porte plutôt bien. Pour plus de 7 actifs en emploi sur 10 (73%), leur secteur d'activité se porte bien « en sortie » de crise. Selon que l'on exerce dans un secteur très durement touché comme l'hébergement-restauration ou moins impacté comme les services, la perception est bien sûr très différente.
Crise sanitaire : frein ou opportunité pour la vie professionnelle des Français ?
Le travail occupe une place importante dans la vie des Français (pour 81%) parce qu'il répond à un besoin vital. Le travail c'est d'abord subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. Mais un autre indicateur évolue : faire ce que l'on aime faire (51%, +4 points). Cette progression souligne l'importance croissante de la valeur du sens accordé au travail. Le besoin de « se sentir utile » pour 43% des Français témoigne également de cette ambition.
Et même si 73% des actifs en emploi et 62% des demandeurs d'emploi estiment que leur emploi actuel ou leur dernier emploi répond plutôt à leurs attentes, 76% des demandeurs d'emploi et 58% des actifs en emploi ont partagé un projet de changement professionnel (en cours ou envisagé). Ces envies de changement professionnel se traduisent par un projet de formation, d'un souhait de changer de métier, de secteur d'activité ou encore d'employeur.
Ces envies de changement ont en grande partie émergé pendant la crise. Parmi l'ensemble des actifs en emploi, 22% ont eu l'idée ou se sont lancés dans un projet de changement professionnel pendant la crise, un chiffre qui monte à 36% chez les demandeurs d'emploi.
A contrario, la crise Covid a été à l'origine de peu d'abandons : seuls 5% de l'ensemble des actifs en emploi et 6% des demandeurs d'emploi ont abandonné un projet professionnel à cause de la crise.
Le regard paradoxal des Français sur les demandeurs d'emploi
Aujourd'hui, près de 7 Français (âgés de 15 ans et plus) sur 10 sont « touchés », de près ou de loin, par le chômage.
La conviction que le chômage peut toucher tout le monde reste fortement présente. Pour 94% des Français, tout le monde peut connaître une période de chômage au cours de sa carrière.
La perception de demandeurs d'emploi « victimes » d'une situation subie plutôt que choisie demeure majoritaire, mais en même temps un certain soupçon à l'égard des demandeurs d'emploi progresse. Une majorité de Français estiment que les demandeurs d'emploi ont des difficultés à trouver du travail car ils ne font pas de concession dans leur recherche d'emploi (59%, +3) et qu'ils ne travaillent pas car ils risqueraient de perdre leur allocation chômage (55%, +3). Et 48% (+3) des Français affirment que la plupart des chômeurs ne cherchent pas vraiment à retrouver un emploi.
Un regard qui se fonde sur une connaissance partielle des réalités du chômage
Les représentations des Français sur le chômage et les chômeurs se fondent sur une connaissance relative, voire une déformation des réalités du chômage. Seuls 27% des Français connaissent le taux de chômage actuel (8,1%). 4% le sous-estiment tandis que 69% le surestiment, 18% pensent même que le taux de chômage dépasse 30% ou plus.
Pour autant l'Assurance chômage apparaît toujours comme un droit et un bouclier protecteur pour accompagner les transitions professionnelles.
L'Assurance chômage bénéficie de l'attachement d'une majorité de Français (63%). 87% des Français estiment que sans les allocations chômage, la plupart des demandeurs d'emploi ne pourraient pas vivre dignement. Et 86% d'entre eux considèrent que les allocations chômages sont un droit, puisqu'issues de cotisations.
Les demandeurs d'emploi souffrent du regard de la société
Les demandeurs d'emploi perçoivent le durcissement du regard qui leur est porté. Un quart d'entre eux font l'expérience d'une forme de mépris : ils entendent d'autrui qu'ils sont des assistés, des paresseux, et se sentent même méprisés au quotidien.
Ils font aussi l'expérience régulière de l'inquisition et du soupçon : 46% sont questionnés avec insistance sur leur recherche d'emploi et 45% ne sont pas crus lorsqu'ils affirment rechercher activement un emploi.
Parallèlement, on constate une distorsion de perception du vécu des demandeurs d'emploi entre ces derniers et l'ensemble des Français : 87% des demandeurs d'emploi se voient comme des personnes persévérantes (seuls 42% des non-demandeurs d'emploi sont de cet avis), 85% comme dynamiques (contre 28% pour les non-demandeurs d'emploi), 80% comme courageuses (contre 38% des non-demandeurs d'emploi).
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Méthodologie
Cette étude a été réalisée en ligne, avec l'institut Elabe, du 31 août au 27 septembre 2021. Etude quantitative, menée auprès d'un échantillon de 4 519 individus*, représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus. Les détails de la méthodologie et d'échantillonnage sont indiqués dans la synthèse de l'étude.