Réalisé avec l'institut Elabe, le baromètre Unédic analyse la perception des Français et des demandeurs d'emploi sur le chômage et l'emploi, et pour ce deuxième volet au sortir du confinement. L'étude permet ainsi d'éclairer l'évolution des représentations de la société sur le chômage avant et après cet épisode de la crise sanitaire, en les comparant à la première édition. Un 3ème volet sera publié au printemps 2021.
Une forte amplification des craintes sur l'emploi
Depuis le confinement, la conjoncture économique du pays a radicalement changé, accentuant fortement les craintes des Français sur l'emploi : 73% estiment désormais que la situation se dégrade (+27 points par rapport au baromètre publié en avril). Cette impression est confirmée par la surestimation accrue du taux de chômage : 78% des Français le situent très au-dessus de la réalité (contre 53% avant le confinement). Ils sont enfin 93% à considérer que tout le monde peut connaître une période de chômage au cours de sa carrière. En écho à cette inquiétude exprimée, les Français interrogés réaffirment la valeur centrale accordée au travail (+4 points). Le fait d'avoir connu des périodes de chômage partiel ou d'avoir été en télétravail a d'autant plus révélé l'importance du travail dans leur vie. Dans un même mouvement, la crise sanitaire a renforcé leur attachement à la fonction protectrice de l'assurance chômage, l'estimant avoir été « à la hauteur » pendant la crise (61%).
Pas d'effets de l'activité partielle sur l'opinion
Si 1 Français sur 2 a été touché par l'activité partielle, soit directement, soit par l'intermédiaire d'un proche, cet épisode est très nettement dissocié du « chômage ». Lorsque les Français interrogés lisent ou entendent le mot « chômeur », moins de 1% évoque le « chômage partiel ». Les périodes d'activité partielle sont d'ailleurs considérées comme une parenthèse transitoire globalement bien vécue par ceux qui en ont fait l'objet. Cette expérience de l'activité partielle change peu le regard sur les chômeurs : 29% des personnes qui ont connu une période d'activité partielle déclarent que ce moment de vie a fait évoluer l'image qu'ils avaient des chômeurs, tandis qu'ils sont 54% dans ce cas parmi ceux qui ont connu une période de chômage.
L'effet polarisant de la crise sur la perception du chômage et des « chômeurs »
Bien qu'une majorité des Français considère le chômage comme une situation subie (78%), ils perçoivent les demandeurs d'emploi comme des individus fragiles, se sentant dépendants de la société (78%). Cette perception stéréotypée ne reflète pas le sentiment des demandeurs d'emploi, qui se vivent au contraire comme des personnes dynamiques (87%), persévérantes (87%) et courageuses (82%). La perception du chômage est ainsi fortement ancrée dans les représentations des Français. Cette seconde vague d'enquête montre que la crise a conforté les perceptions, voire qu'elle les a accentuées. Le soupçon à l'égard des chômeurs, même s'il reste minoritaire, se renforce : 45% des Français considèrent que les demandeurs d'emploi ne cherchent pas vraiment à retrouver un emploi.
Une présomption erronée de bienveillance accrue
L'opinion négative que les demandeurs d'emploi prêtent aux Français sur les « chômeurs » recule très fortement sur 4 mois (-12 points). Cela traduit le sentiment d'une bienveillance renforcée face à la dureté de la crise. Le regard des Français s'est au contraire durci dans la période : 38% estiment que les demandeurs d'emploi sont des personnes assistées (+5 points), qui perçoivent des allocations chômage trop élevées (36%, +4 points), et qu'une partie d'entre eux fraude (35%, +4 points).
Typologie des perceptions du chômage parmi les Français interrogés
Sous l'effet de cette polarisation des perceptions du chômage, quatre groupes structurent l'opinion. Le premier groupe considère l'Assurance chômage comme un « bouclier qui nous protège », le second comme « un droit utile à tous », le troisième comme « un système détourné par des profiteurs » et le dernier comme « un assistanat qui protège des fainéants ». La seule ligne de convergence qui efface les clivages est le sentiment de vulnérabilité au « risque chômage », qui s'amplifie au sortir du confinement.
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Méthodologie
Cette étude a été réalisée en ligne, avec l'institut Elabe, du 17 juin au 6 juillet 2020. Etude quantitative, menée auprès d'un échantillon de 4 523 individus, représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus. Les détails de la méthodologie et d'échantillonnage sont indiqués dans la synthèse de l'étude.