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« La transition écologique aura des conséquences sur l’emploi et le chômage, il faut s’y préparer »

Après une première étude consacrée l’année dernière à l’impact de la crise écologique sur le travail, l’Unédic poursuit ses travaux sur ce sujet. Emilie Daudey, sous-directrice de la direction des études et analyses à l’Unédic et Adrien Gaboulaud, data journaliste reviennent à l’occasion de la sortie du magazine Transitions sur les besoins d’anticipation de ces mutations au service du pilotage du régime d’assurance chômage par les partenaires sociaux. 

16 avril 2024

Pourquoi s’intéresser à la question de la transition écologique et à ses conséquences sur l’emploi ?

Adrien Gaboulaud : Le travail va être profondément impacté par les conséquences du dérèglement climatique. Dans quelle mesure et de quelle manière ? Quels types de bouleversements peut-on attendre, macro économiquement, sectoriellement, géographiquement ? En tant que gestionnaire de l’Assurance chômage, l’Unédic ne peut que s’intéresser à ces questions

Emilie Daudey : Analyser ces phénomènes, déterminer comment ils vont impacter l’emploi font partie de la mission d’observation du marché du travail que nous ont confié les partenaires sociaux. Quelles seront les conséquences de la transition écologique sur le régime d’assurance chômage ? Va-t-elle par exemple générer un recours croissant à l’activité partielle ? Nécessitera-t-elle de créer une allocation spécifique de reconversion ? On peut imaginer beaucoup de scénarios et l’Unédic a vocation à éclairer les partenaires sociaux et le débat public sur ces questions

Comment les équipes de l’Unédic se sont-elles emparées de ces sujets ?

Adrien Gaboulaud : En 2022, nous avons participé à un atelier sur la Fresque du Climat, un jeu d’intelligence collective et de formation. Nous avons aussi réalisé une enquête d’opinion inédite sur le thème « la crise et la transition écologique, quel impact sur le travail ? ». Celle-ci a révélé notamment la préoccupation des salariés vis-à-vis du changement climatique (pour 85% d’entre eux) et le fait que, désormais, beaucoup prenaient en compte ces aspects dans leurs choix professionnels : pour 6 actifs sur 10, le fait qu’une entreprise contribue activement à la transition écologique « inciterait à y postuler ».

En mars 2023, les équipes de l’Unédic ont proposé à la gouvernance de se lancer dans la création de Labs prospectifs. Et comme le sujet intéresse les partenaires sociaux, l’un d’eux est consacré au dérèglement climatique et à l’emploi.

Quel est le rôle de ce Lab ? Quel type de travaux avez-vous initié ?

Emilie Daudey : Ce projet réunit une dizaine de collaborateurs de l’Unédic, issus de différents métiers : la communication, les études et analyses, les finances et la compatibilité, les affaires juridiques. Nous nous réunissons une fois par semaine et notre première production a été une « revue de littérature » offrant une synthèse des principaux travaux réalisés à ce jour sur la question de l’emploi et de la décarbonation de l’économie, que nous avons présenté à la gouvernance.

Quels enseignements tirer de ces travaux ?

Adrien Gaboulaud : Nous avons passé en revue plusieurs rapports, dont celui de Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz, ceux de l’Ademe, des travaux du Conseil d’analyse économique, de la direction générale du Trésor et d’associations comme le Shift Project, etc.

Tous s’inscrivent dans un même cadre : la feuille de route de la neutralité carbone en 2050 dans laquelle l’État s’est engagé. Malgré des points de divergence, ils sont tous d’accord pour dire qu’il n’y aura pas de grands bouleversements sur les volumes globaux de l’emploi, sauf qu’on doit s’attendre à beaucoup de mouvements entre les secteurs et les métiers.

Emilie Daudey : Si le cap est donné vers la décarbonation, il y aura des perdants, et des gagnants. Certains secteurs, comme l’automobile thermique ou la construction neuve risquent de subir des destructions d’emploi ; tandis que les secteurs de la rénovation des bâtiments, de la réparation ou de la mobilité douce, vont connaître des créations d’emploi.

Doit-on s’attendre à une explosion des emplois verts ?

Emilie Daudey : Les médias se focalisent beaucoup sur les emplois verts. Or, ce n’est pas la question majeure. C’est l’arbre qui cache la forêt. Tout d’abord, il est très difficile de dresser une liste exhaustive de ces métiers. Quel métier peut être considéré comme un emploi vert ? Un restaurateur qui produit local et bio est-il un emploi vert ?

En réalité, l’impact de la transition écologique sur l’emploi ne se limitera pas à ces emplois, mais concernera un grand nombre de secteurs. D’où la nécessité d’accompagner un grand nombre de salariés et de demandeurs d’emploi par des formations adéquates. On en revient toujours au même constat : il faut dresser des diagnostics fiables afin de bien anticiper les effets de la transition écologique sur l’emploi et le chômage… 

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