L'impact brutal de la crise Covid-19 va continuer de laisser des traces dans les finances du régime d'Assurance chômage. En dépit d'une franche amélioration de sa situation financière, le régime demeure lesté par une dette très importante. Selon les prévisions financières de l'Unédic en février 2022, l'endettement atteindrait encore 52,2 Md€ fin 2024. Ce niveau serait sensiblement inférieur à celui constaté fin 2021 (63,9 Md€) après deux années marquées par des mesures d'urgence. Il resterait cependant très supérieur à celui constaté avant la crise, fin 2019 (36,8 Md€).
«Les partenaires sociaux vont rester extrêmement attentifs à la gestion de cette dette et à identifier ce qu'on appelle la "dette Covid", cette partie exceptionnelle liée au financement des mesures d'urgence pendant la crise», a déclaré Patricia Ferrand, présidente de l'Unédic.
Le retour des excédents et l'amorce du désendettement
Après un solde financier de -9,3 Md€ en 2021, les excédents attendus pour les années 2022, 2023 et 2024 permettraient au régime de s'engager sur la voie du désendettement. Sous l'effet conjoint de la fin des mesures d'urgence, de la conjoncture économique favorable et des règles d'Assurance chômage en vigueur, le solde s'établirait à +2,2 Md€ en 2022. Il s'établirait ensuite à+4,1 Md€ en 2023 et +5,4 Md€ en 2024 (dont 2 Md€ par an liés aux changements de règles d'indemnisation). Cette amélioration du solde entre 2021 et 2022 proviendrait pour près de 30% de l'amélioration des recettes et de 70% de la diminution des dépenses. En cumulé, ces excédents de 2022 à 2024 correspondent à 18% de la dette totale de l'Unédic fin 2021.
Par le passé, l'Unédic a déjà enregistré des excédents, qui participent du modèle contracyclique du régime d'Assurance chômage. Ils permettent de garantir le financement de l'indemnisation des demandeurs d'emplois dans les périodes de crise, où les dépenses s'accroissent et les recettes s'amenuisent de concert.
Un contexte économique très favorable
Ces prévisions financières, plus optimistes que celles d'octobre 2021, sont déterminées par un contexte économique très favorable, notamment un rebond de la croissance en 2021 (+7,0%), à la faveur notamment de la levée des contraintes sanitaires. En 2022, la croissance ralentirait mais resterait à un niveau élevé (+3,8%) avant d'atteindre en 2023 (+2,1%) et en 2024 (+1,6%) une dynamique comparable à la situation d'avant crise.
Sur le plan de l'emploi, un rebond exceptionnel en 2021 (+648 000 emplois) devrait être suivi entre 2022 et 2024 d'un niveau de créations plus contenu (159 000 en trois ans). Le nombre de chômeurs indemnisés diminuerait sur l'ensemble de l'horizon des prévisions. Une partie des créations de 2021 devrait avoir un impact durable sur le niveau d'emploi et de chômage, dont le taux s'établit au quatrième trimestre à 7,4% (au sens du BIT). Par ailleurs, le retour de l'inflation à un niveau plus élevé et la baisse du taux de chômage pourraient placer les salariés en position plus favorable dans les négociations salariales, encourageant la progression de la masse salariale, avec pour conséquence la hausse des recettes du régime.
Les prévisions de l'Unédic, réalisées et publiées trois fois par an, sont un exercice essentiel pour le pilotage du régime. Elles s'appuient sur les indicateurs macro-économiques (PIB, inflation), les prévisions des grands instituts (Consensus des économistes), les politiques publiques de l'emploi et l'état du droit au moment des prévisions. L'Unédic adapte aussi ses modèles de prévisions dans les périodes de crise et de reprise économique. Ainsi, durant la crise de 2020, les restrictions sanitaires liées à la Covid-19 ont été prises en compte dans les prévisions financières, tout comme le rebond exceptionnel de l'emploi en 2021.
«Le régime a pu répondre présent pour la gestion de cette crise. Ça se mesure en énergie et en compétences mobilisées», a noté Jean-Eudes Tesson, vice-président de l'Unédic.