La guerre en Ukraine, les pressions inflationnistes et l'éventualité d'un futur regain épidémique entourent les prévisions financières de l'Unédic pour 2022-2024 d'un voile d'incertitude. Dans ce contexte géopolitique et économique instable, toutefois, le régime d'assurance chômage devrait connaître des excédents.
Alors que ces travaux semblent confirmer une partie des anticipations formulées en février, la présidente de l'Unédic Patricia Ferrand a souligné « la stabilité en trompe l'œil, avec de nombreux sous-jacents » de ces nouvelles prévisions. « Nous n'avons pas fait un copié-collé de nos prévisions de février », a renchéri Jean-Eudes Tesson, vice-président de l'Unédic.
Le solde s'établirait à +2,5 Md€ en 2022, une amélioration imputable à hauteur de 56% à la fin des mesures d'urgence, de 28% à l'amélioration conjoncturelle et de 16% à l'entrée en vigueur des changements réglementaires. En 2023 et 2024, sous l'effet de la prise en compte de la nouvelle réglementation, le solde serait encore davantage excédentaire (respectivement +3,1 Md€ et +4,2 Md€). Les excédents anticipés sont comparables à ceux enregistrés par le passé lorsqu'on les rapporte aux recettes de l'époque.
Fin 2024, une dette de 35 Md€ auxquels s'ajoutent 18,7 Md€ portés au titre des mesures d'urgence
Ces excédents permettraient au régime d'assurance chômage d'engager une réduction de sa dette, qui s'est creusée en 2020 et 2021 pour faire face à la crise de la Covid-19. Fin 2024, la dette s'établirait ainsi à 35 Md€ auxquels s'ajoutent 18,7 Md€ portés au titre des mesures d'urgence (un total de 53,7 Md€, contre 63,6 Md€ fin 2021). Cette décrue serait cependant loin de constituer un retour à la situation d'avant crise : fin 2019, la dette de l'Assurance chômage était de 36,8 Md€.
« Les excédents permettraient une trajectoire de désendettement de l'ordre de 10 Md€ en trois ans », a précisé Patricia Ferrand.
Le contexte économique actuel est sensiblement différent de celui du mois de février, date de la dernière parution des prévisions financières de l'Unédic. Si l'activité profite toujours en 2022 de l'élan de sortie de la crise sanitaire, l'effet de rattrapage est déjà terminé. La prévision de croissance pour 2022 en moyenne annuelle serait de +2,4 % en 2022, dont une large partie résulterait de l'acquis de croissance produit par le fort rebond de la fin 2021. Selon le Consensus des économistes, la croissance atteindrait +1,7 %, en 2023 puis +1,8 % en 2024. Ces prévisions restent soumises à l'évolution du conflit à l'est de l'Europe et aux mesures de soutien instaurées par les autorités pour atténuer ses conséquences économiques. Un éventuel regain de la pandémie de Covid-19 constitue également un important aléa. Autre incertitude majeure, le caractère transitoire ou non du choc d'inflation actuel.
Concernant l'emploi affilié à l'Assurance chômage, le rebond exceptionnel constaté en 2021 (+678 000 emplois) serait suivi d'un ralentissement en 2022. Après +66 000 créations nettes au premier trimestre 2022, un niveau plus élevé qu'attendu par les observateurs, l'Unédic prévoit sur l'ensemble de l'année 2022 +79 000 emplois. Par la suite, les créations d'emplois seraient plus modestes, avec +52 000 emplois en 2023 et +80 000 emplois en 2024.
Jean-Eudes Tesson a souligné « la robustesse du régime d'assurance chômage », y compris face aux événements des derniers mois. « Le système résiste et il est capable d'assurer sa mission : être un amortisseur face à la crise ».