Après une année 2022 marquée par une inflation inédite depuis plusieurs décennies, la page des tensions sur les prix ne serait pas tournée en 2023. Leurs conséquences négatives sur l’activité persisteraient. Le reflux n’interviendrait qu’à partir de 2024, avec un retour à une inflation inférieure à 2% en 2025. Dans ce contexte, la croissance demeurerait molle : la progression du PIB atteindrait seulement 0,6% en 2023 selon le Consensus des économistes, et 0,9% en 2024. Une reprise franche (1,6%) se produirait en 2025.
Après un niveau exceptionnel de créations nettes d’emploi en 2021 et une forte progression en 2022, les années 2023 et 2024 devraient connaître une pause. Le peu d’élan de l’activité économique conduirait à 82 000 créations nettes d’emplois en 2023. En 2024, les gains d’emploi seraient de l’ordre de 28 000. Outre la croissance limitée, un autre facteur pourrait jouer un rôle : le dynamisme des entrées en apprentissage, qui a contribué ces dernières années aux créations nettes d’emplois, pourrait être altéré en raison de la réduction de la prime au recrutement par rapport à son niveau précédent. L’emploi affilié à l’Assurance chômage connaîtrait une reprise en 2025, avec 132 000 créations nettes, sous l’effet de la reprise de la croissance.
Concernant la croissance et l’emploi, un élément ajoute de l’incertitude pour l’avenir : l’évolution de la productivité par tête, qui a décroché par rapport à son niveau et à sa tendance pré-crise Covid-19. Le phénomène n’est pas spécifique à l’économie française et fait l’objet de débats parmi les économistes.
Baisse des effectifs de chômeurs indemnisés
Le nombre de chômeurs indemnisés devrait rester stable en 2023 (2,5 millions), en raison de la pause des créations d’emploi attendue après le premier trimestre. Une inversion de ce mouvement interviendrait sous l’effet de la réforme d’adaptation des règles à la conjoncture, entrée en vigueur début 2023, puis de l’amélioration du marché de l’emploi. Les effectifs indemnisés baisseraient en 2024 (2,4 millions), avant de tomber à 2,3 millions en 2025.
Les dépenses totales de l’Assurance chômage augmenteraient en 2023 (42,2 Md€) et 2024 (42,9 Md€), avant de diminuer en 2025 (40,8 Md€). Côté recettes, la dynamique favorable des salaires contribuerait à une croissance marquée des contributions d’assurance chômage : 46,6 Md€ en 2023, 48,2 Md€ en 2024 et 49,5 Md€ en 2025. Le solde de l’Unédic se maintiendrait en territoire positif en 2023 (+4,4 Md€, après +4,3 Md€ en 2022). En 2024, il atteindrait +5,4 Md€, avant de progresser sensiblement en 2025 (+8,7 Md€).
Dans ces conditions, le désendettement du régime d’assurance chômage se poursuivrait. Grevée par la crise de la Covid-19 (-63,6 Md€ fin 2021), la dette financière atteindrait un niveau de 56,3 Md€ fin 2023, 51,0 Md€ fin 2024 et 42,3 Md€ fin 2025.
« Ces prévisions de juin confirment la poursuite du désendettement du régime d'assurance chômage, qui est absolument indispensable pour que l'Unédic puisse continuer à jouer son rôle contracyclique et pour la pérennité du régime », a fait savoir la présidente de l'Unédic, Patricia Ferrand.
« Nous avons à sécuriser le régime dans une période qui n'est pas simple à décrypter. Notre objectif partagé est la pérennité du service rendu aux demandeurs d'emploi », a ajouté Jean-Eudes Tesson, vice-président de l'Unédic.
NB : les présentes prévisions reposent sur l’hypothèse du maintien d’une compensation totale par de la CSG-activité de la suppression des cotisations salariales d’Assurance chômage et d’un mode de financement inchangé de Pôle emploi sans présager d’une évolution du financement dans le cadre de la création de France Travail. Les effets financiers des mesures relatives aux abandons de postes sont pris en compte dans cette prévision, mais pas ceux de la réforme des retraites, encore difficiles à estimer à ce jour.
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Les travaux de l'Unédic sur les réformes de l'Assurance chômage
L’Unédic a publié plusieurs travaux qui apportent un éclairage sur les modifications récemment apportées à la réglementation d’assurance chômage.- Suivi de la règlementation 2021 d’assurance chômage : cette publication livre les premiers éléments relatifs au suivi des règles d’assurance chômage entrées en vigueur au second semestre 2021, définissant de nouvelles modalités d'indemnisation des travailleurs privés d'emploi (condition d’ouvertures des droits, calcul de l’allocation, dégressivité) et introduisant des règles relatives aux contributions chômage (bonus-malus).
- Effets de l’adaptation des règles d’assurance chômage à la conjoncture : cette publication contient l’estimation ex ante des effets attendus des règles d’assurance chômage entrées en vigueur au 1er février 2023.
- Les abandons de poste et l'Assurance chômage : l'Unédic a mené une enquête auprès des allocataires indemnisés pour estimer le nombre de ceux qui ont été licenciés suite à un abandon de poste, identifier leurs motivations et les interroger sur le parcours qu'ils auraient suivi si l'abandon de poste ne leur avait pas permis d'ouvrir un droit à l'Assurance chômage.