Un vent économique contraire devrait affecter le régime d'Assurance chômage en 2023. L'élan constaté depuis la fin des confinements en 2021 est bel et bien rompu : la progression du PIB devrait être faible en 2023 (0,4%) selon le Consensus des économistes, avant une reprise en 2024 (1,2%) et une accélération en 2025 (1,7%). L'inflation demeure l'élément dominant dans ce paysage et son pic n'aurait toujours pas été atteint. Elle devrait retrouver des niveaux plus proches de l'avant crise en 2025, mais l'incertitude reste grande.
« Ces prévisions sont marquées par une grande incertitude liée au contexte économique et géopolitique, particulièrement pour 2025 », a noté la présidente de l'Unédic, Patricia Ferrand.
6000 créations nettes d'emploi en 2023
Les créations d'emploi, après deux années exceptionnelles, marqueraient le pas en 2023 (+6000 créations nettes, contre +305 000 en 2022). Les années suivantes connaîtraient un rebond très progressif de l'emploi affilié à l'Assurance chômage : +66 000 en 2024, +152 000 en 2025.
« On assiste à une stagnation de la croissance mais pour autant la situation de l'emploi s'améliore, et nos recettes aussi. Cela nous invite à beaucoup de prudence, parce que la conjoncture peut se retourner », a constaté le vice-président de l'Unédic, Jean-Eudes Tesson.
Les effets conjoints des réformes successives de l'Assurance chômage se manifesteraient sur l'horizon de la prévision. La réforme de 2021 a déjà produit l'essentiel de ses effets, qui sont perceptibles dès 2022. La réforme de 2023, également dite d'« adaptation des règles à la conjoncture », devrait aboutir à une réduction du nombre d'allocataires indemnisés de 12% en rythme de croisière.
« Les règles de 2021 ont déjà produit l'essentiel de leurs effets : on est en régime de croisière quant à leur impact financier. En revanche, l'impact des règles entrées en vigueur au 1er février 2023 est très faible cette année et va monter en charge progressivement. Dans trois ans, un effet conséquent sera perceptible », a souligné Patricia Ferrand.
Ainsi, en 2023, la conjoncture dégradée devrait jouer à la hausse sur le nombre d'allocataires indemnisés, alors que la fin de la montée en charge de la réforme 2021 jouerait à la baisse : le nombre de chômeurs indemnisés serait de 2,4 millions en fin d'année. Ce nombre serait stable en 2024 (2,3 millions) et repartirait à la baisse en 2025 (2,2 millions), sous l'effet conjugué de l'amélioration de la conjoncture et de l'application des réformes 2021 et 2023.
Un solde du régime ancré en territoire positif
Malgré une croissance atone en 2023, cette prévision confirme que le solde du régime serait ancré en territoire positif à l'horizon de prévision, avec une augmentation substantielle en 2025 portée par la pleine montée en charge de la réforme de février 2023 (solde de +3,8 Md€ fin 2023, +4,7 Md€ fin 2024, +8,6 Md€ fin 2025). Ces valeurs sont supérieures à celles anticipées lors de la prévision d'octobre 2022, réalisée avant que ne soient connus les paramètres définitifs de la réforme. Dans ce contexte, l'Unédic serait en mesure d'accélérer le remboursement de sa dette, toujours lestée du coût des mesures de la crise Covid. Fin 2023, la dette devrait ainsi s'établir à 55,5 Md€, puis à 50,8 Md€ fin 2024 et à 42,2 Md€ fin 2025.
« Cette résorption de notre dette va nous permettre de mieux jouer notre rôle d'amortisseur économique et social », a estimé Jean-Eudes Tesson.
NB : les mesures à venir relatives aux abandons de postes pourraient aussi avoir un impact sur les finances du régime. Elles ne sont pas intégrées dans le cadre de ces travaux. L'impact de la réforme des retraites, actuellement examinée par le Parlement, n'est pas non plus pris en compte.