Prévisions financières

Prévisions financières de l'Unédic - octobre 2024

En amont des négociations d'assurance chômage qui débutent le 22 octobre 2024, l'Unédic a présenté aux partenaires sociaux ses prévisions financières pour la période 2024-2027. Dans un contexte de dégradation de la conjoncture économique, le régime d’assurance chômage poursuivrait son désendettement, mais sur une trajectoire fortement infléchie par les prélèvements décidés par l’État.

Unédic

Laure Baquero, Boris Koehler, Gaëtan Stephan, Yann Desplan, Emilie Daudey, Lara Muller

22 octobre 2024

Les nuages s’accumulent sur l’horizon macroéconomique. Selon le Consensus des économistes, la croissance serait limitée à court terme, s’établissant à 1,1 % en 2024, puis à 1,0 % en 2025. Elle repartirait à partir de 2026 (1,3 %) et 2027 (1,4 %). Cette prévision de croissance est entourée d’incertitudes, notamment autour des effets des mesures de restrictions budgétaires contenues dans le projet de loi de finances pour 2025 en cours de discussion. L’inflation, dont les niveaux élevés ont marqué les années précédentes, connaîtrait un reflux plus rapide que prévu, ralentissant la hausse des salaires.

L’emploi serait affecté par ce contexte économique dégradé, avec seulement 38 000 créations nettes en 2024 et 31 000 en 2025, un rythme nettement inférieur à celui observé en 2023 (+107 000). Les créations nettes d’emploi reprendraient en 2026 (+131 000) et 2027 (+146 000).

Le nombre de chômeurs indemnisés diminuerait à partir de 2025

Le nombre de chômeurs indemnisés s’élèverait à 2,6 millions fin 2024 après avoir augmenté en 2023. Il diminuerait à partir de 2025, sous l’effet de la réforme 2023 de l’Assurance chômage. En 2026 et 2027, la conjoncture contribuerait également à ce recul, jusqu’à un effectif de 2,4 millions fin 2027.

Les dépenses d’assurance chômage augmenteraient en 2024 (44,9 Md€, contre 42,4 Md€ en 2023), portées par la hausse temporaire du nombre de chômeurs indemnisés en milieu d’année, par des ouvertures de droit associées à des salaires plus élevés et par les revalorisations des allocations décidées en 2023 et 2024 dans un contexte inflationniste. La baisse du nombre de chômeurs indemnisés entraînerait ensuite une diminution des dépenses à partir de 2025, pour atteindre 41,7 Md€ en 2027.

Des recettes en augmentation, mais fortement diminuées par les prélèvements de l'Etat

Les recettes de l’Assurance chômage continueraient de croître sur l’horizon de la prévision, tout en étant fortement diminuées par les moindres compensations d’exonérations décidées par l’État. Ainsi, en 2024, les recettes totales s’élèveraient à 45,3 Md€ ; elles auraient été de 47,9 Md€ sans le prélèvement de 2,6 Md€ par l’État. Les prélèvements sont plus élevés encore en 2025 (3,35 Md€) et 2026 (4,1 Md€). Aucun prélèvement n’a été annoncé concernant l’année 2027, entrainant une accélération de la prévision de recettes du régime en fin de période.

La trajectoire de désendettement de l’Unédic est fortement infléchie par ces prélèvements. En 2024, le solde financier serait proche de l’équilibre (après un solde positif de 1,5 Md€ en 2023). Entre 2025 et 2027, le solde financier du régime s’améliorerait principalement sous l’effet de la baisse des dépenses d’indemnisation. L’endettement reculerait, mais de manière bien moins rapide qu’en l’absence de prélèvements. En 2027, un niveau d’endettement de 44,3 Md€ est attendu. Sans l’intervention de l’État, il aurait été de 31,3 Md€, en dessous du niveau de la dette pré-crise Covid-19.

« En 1958, l’Etat a confié aux partenaires sociaux la responsabilité du régime d’assurance chômage. On peut dire qu'ils ont assumé cette responsabilité en s’en donnant les moyens. Aujourd’hui, l’Unédic assume financièrement des décisions qui n’ont pas été prises par les partenaires sociaux : la dette Covid, la non-compensation partielle des exonérations, le surcoût lié aux travailleurs frontaliers… », souligne Jean-Eudes Tesson, président de l'Unédic.

« Cet exercice de prévisions met en évidence le poids des différents paramètres qui expliquent l’évolution des finances du régime, à la fois les effets des différentes réformes, qui sont mixés à des effets conjoncturels, et les impacts de décisions exogènes, par exemple liées aux prélèvements de l’Etat », note Patricia Ferrand, vice-présidente de l'Unédic.

  • A propos de cette prévision

    Cette prévision est réalisée à réglementation constante, donc sans tenir compte des négociations sur le chômage et l’emploi des seniors qui s’ouvrent le 22 octobre 2024.

    Les potentiels effets du projet de loi de finances pour 2025, annoncé le 10 octobre, et encore non voté, ne sont pas intégrés.

    La prévision financière pour l’année 2027 est empreinte d’une incertitude importante dans la mesure où non seulement elle repose sur une trajectoire de croissance du PIB inscrite sur un horizon lointain mais suppose aussi l’absence d’intervention de l’Etat en 2027.

    L’Unédic retient comme hypothèses de croissance et d’inflation les prévisions du Consensus des économistes, moyenne des prévisions d’une vingtaine d’instituts et banques, publiées chaque mois. La présente prévision repose sur la publication du Consensus des économistes parue le 10 octobre 2024.

    Les effets potentiels de la loi Plein emploi prévoyant une inscription généralisée auprès de France Travail en 2025, notamment des bénéficiaires du RSA, ne sont pas intégrés dans cet exercice de prévision.