L’Unédic joue un rôle essentiel dans le financement de la formation professionnelle des demandeurs d’emploi. En 2022, en moyenne, chaque mois, environ 130 000 allocataires de l’Assurance chômage ont perçu en fin de mois l’allocation d’aide au retour à l’emploi formation (ARE-F), accompagnant le développement de leurs compétences et leurs transitions professionnelles. Cela représentait des dépenses de 2 Md€. A l’aune de cet engagement et pour mieux comprendre les facteurs ou freins à l’accès à la formation, l’Unédic s’intéresse dans cette étude à un enjeu central pour les allocataires comme pour les gestionnaires du régime : existe-t-il un lien entre le niveau d’indemnisation et l’accès à la formation professionnelle ?
L'accès à la formation a fortement progressé entre 2015 et 2023
Cette étude se concentre sur les personnes ayant ouvert un droit entre 2015 et 2023. Sur cette période, l’accès à la formation a fortement progressé pour les demandeurs d’emploi, porté notamment par les différents plans gouvernementaux ainsi que par la mise en place du compte personnel de formation (CPF) autonome.
A partir de travaux économétriques qui permettent de « neutraliser » les différences de profil des allocataires et de structure des formations, nous montrons que, toutes choses étant égales par ailleurs, les personnes ayant une allocation chômage faible (inférieure à 22€ par jour en 2022) accèdent moins à la formation.
Le moindre recours à la formation de la part des personnes ayant une allocation basse peut s’expliquer par la nécessité d’un retour rapide en emploi, le montant de l’allocation leur permettant plus difficilement de subvenir à leurs besoins. L’existence d’un montant minimal d’allocation versé en cas de suivi d’une formation (dit ARE-F plancher) ne parait pas suffisamment incitatif pour améliorer l’accès à la formation de ces personnes.
Le CPF a davantage profité aux personnes ayant les allocations les plus élevées
L’accès moins important à la formation chez les allocataires ayant les plus faibles revenus apparait davantage pour les formations qualifiantes ou certifiantes. Les seniors et les femmes sont davantage impactés que d’autres types de populations par ces effets de niveaux d’allocation.
Enfin, alors que le CPF autonome a conduit à une hausse de l’accès à la formation pour l’ensemble des allocataires, il a davantage profité aux personnes ayant les allocations les plus élevées, contribuant aujourd’hui à leur permettre d’accéder davantage à la formation que les personnes ayant une allocation parmi les plus faibles. Ceci peut s’expliquer probablement par une moins bonne information, une mobilisation plus difficile des outils numériques de façon autonome de ces derniers ou encore peut-être moins de droits disponibles dans leur CPF.