La crise sanitaire de la Covid-19 a provoqué une crise économique d’une ampleur inédite. Selon la dernière estimation de l’Insee, le PIB a subi une chute de 8,3 % en 2020, l’indicateur de climat des affaires reste à un niveau très faible et l’Insee a recensé 360 000 emplois supprimés en 2020. Dans ce contexte sans précédent, l’Unédic publie une enquête, conduite par l’institut CSA, pour comprendre les effets de cette crise sur le marché du travail.
Un recours massif au dispositif d’activité partielle
Lors du premier confinement de mars 2020, une majorité d’établissements (81 %) a eu recours à l’activité partielle. Cette proportion a baissé durant l’été, tout en restant à un niveau élevé (43 %).
Les entreprises qui n’ont pas eu recours au dispositif déclarent en majorité disposer de suffisamment de trésorerie pour maintenir les salaires (62 %) ou ne pas être impactées par la crise (52 %). Une part beaucoup plus faible explique ne pas avoir eu recours à l’activité partielle du fait de la possibilité de poursuivre leur activité en télétravail (26 %).
L’étude montre par ailleurs que les ouvriers et employés ont plus souvent été placés en activité partielle (1 sur 2), que les cadres (3 sur 10), pendant le premier confinement. Cet écart s’explique probablement parce les cadres ont davantage pu télétravailler (42 % vs 4 % des ouvriers et 22 % des employés).
Des demandeurs d’emploi fragilisés économiquement, avec de moindres perspectives de sortie du chômage
Comme le montrait déjà une note de l’Unédic sur les répercussions de la crise liée à la Covid-19 sur le marché du travail, l’augmentation du nombre d’inscrits à Pôle emploi au printemps 2020 est davantage le résultat d’une moindre activité des demandeurs d’emploi, qui n’ont pas pu travailler, que de nouveaux inscrits ayant perdu leur emploi du fait de la crise. L’enquête montre ainsi que parmi les personnes interrogées, 3 demandeurs d’emploi sur 4 ont été au chômage pendant la totalité de la période de confinement.
La crise a également eu un impact sur les revenus et la capacité à épargner des demandeurs d’emploi. Alors qu’au niveau global, le stock d’épargne a augmenté sur la période, l’étude montre que 32 % des demandeurs d’emploi ont perçu des revenus très inférieurs durant le confinement (vs. 19 % pour les salariés) et 39 % durant la période post confinement (vs. 18 % pour les salariés). Par ailleurs, un salarié sur deux a déclaré qu’il a pu épargner depuis le début de la crise et seulement 2 demandeurs d’emploi sur 10.
Des projets professionnels bouleversés par la crise
Deux tiers des demandeurs d’emploi interrogés et 1/3 des salariés déclarent avoir vu leur projet professionnel impacté par la crise sanitaire dont les conséquences économiques sont la cause principale de ce bouleversement. Les uns et les autres expriment le souhait de modifier leur rapport au travail : 1 demandeur d’emploi sur 2 et plus de 4 salariés sur 10 déclarent avoir envie de « modifier leur rapport au travail ». Ils souhaitent aussi, pour certains, commencer une formation (47% des demandeurs d’emploi et 29% des salariés) et dans une moindre mesure faire une reconversion (44% et 28% respectivement). Les jeunes sont les plus nombreux à exprimer cette envie de changement, comme le révélait déjà la note d’éclairage sur la perception du chômage chez les jeunes publiée par l’Unédic en juillet dernier.
Des demandeurs d’emploi qui adaptent leur manière de chercher un emploi
Durant le premier confinement, les demandeurs d’emploi ont majoritairement continué à chercher un emploi. 45 % d’entre eux ont gardé le même rythme de recherche et 20% l’ont accéléré, malgré la baisse importante du nombre d’offres disponibles à cette période. Après le premier confinement, ce rythme s’est intensifié, ils ont davantage recouru aux canaux numériques. Pourtant, les demandeurs d’emploi sont assez pessimistes quant à leur retour à l’emploi.
Cette inquiétude au sujet de l’emploi est confirmée par les employeurs qui, pour 29% d’entre eux, ont repoussé ou annulé la plupart de leurs projets de recrutement en raison de la crise de la Covid-19. Cette proportion est plus élevée parmi les établissements ayant stoppé leur activité durant le confinement. Pour autant, au moment de l’enquête, les employeurs étaient plus optimistes concernant l’avenir, puisqu’ils étaient 41% à envisager de recruter d’ici la fin de l’année.
Des concessions envisagées par les demandeurs d’emploi, une constance côté employeurs
La majorité des demandeurs d’emploi et des salariés interrogés dans l’enquête de l’Unédic indiquent être prêts à faire des concessions pour faire aboutir leur projet professionnel (90 % des demandeurs d’emploi et 85 % des salariés). C’est en particulier le cas parmi ceux dont le projet professionnel a été directement impacté par la crise actuelle.
Les demandeurs d’emploi seraient ainsi majoritairement prêts à faire de concessions quant aux missions proposées, à « accepter un CDD ou un contrat saisonnier » ou encore à accepter un contrat qui implique de « prendre sa voiture tous les jours ». En revanche, ils sont plus réticents à accepter des « conditions de travail dégradées » ou à « revoir à la baisse leurs prétentions salariales. »
Les employeurs qui ont procédé à des recrutements pendant la crise n’ont quant à eux pas significativement modifié leurs critères de recrutement.
Des perspectives d’avenir teintées d’un certain pessimisme
Interrogés sur leur niveau de confiance dans l’économie française, demandeurs d’emploi, salariés et employeurs se montrent assez pessimistes. 73 % des demandeurs d’emploi, 66 % des salariés et 62 % des employeurs et ne se déclarent pas confiants quant à la situation de l’économie française. En revanche, salariés et employeurs déclarent avoir confiance dans leur avenir professionnel, ce qui n’est pas le cas des demandeurs d’emploi qui se montrent plus inquiets quant à leur perspective de retour à l’emploi. Un quart d’entre eux jugent élevée la probabilité de ne pas retrouver un emploi durable dans les 6 mois à venir.
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Méthodologie
Cette enquête quantitative a été réalisée, entre mi-septembre 2020 et mi-octobre 2020, soit avant le 2nd confinement, avec l’institut CSA, auprès de demandeurs d’emploi, de salariés et d’employeurs, à partir de 3 échantillons représentatifs des populations visées. Les demandeurs d’emploi et les salariés ont répondu à un questionnaire en ligne, les établissements ont été interrogés par téléphone. La représentativité a été assurée par la méthode des quotas. Au total, l’étude repose sur les réponses de :
- 2 028 personnes représentatives des salariés du privé et des grandes entreprises publiques ou parapubliques en France métropolitaine,
- 2 012 personnes représentatives des demandeurs d’emploi, inscrits à Pôle emploi, en France métropolitaine et en Outre-mer,
- 800 établissements représentatifs des établissements en France. Echantillon raisonné d’établissements en fonction de leur taille d’entreprise.