Conflit en Ukraine, inflation, pénurie de matières premières... face à toutes ces incertitudes, quelles sont les perspectives financières de l'Assurance chômage ?
Malgré un contexte très mouvant en 2022, les comptes de l'Assurance chômage ont connu une évolution positive : les recettes ont notamment été dynamisées par le rebond exceptionnel de l'économie et de l'emploi fin 2021. En 2023, cette trajectoire devrait se poursuivre, du fait de la dynamique des salaires portée par l'inflation et celle de l'emploi qui continue à afficher des niveaux historiques. L'année 2024 reste plus incertaine, mais nos prévisions tablent sur une conjoncture favorable qui devrait permettre au régime d'assurance chômage de poursuivre son désendettement. Au total, nous devrions avoir résorbé 13 Md€ de dette d'ici fin 2024, tout en limitant son coût à moins de 1 % de nos recettes annuelles.
Qu'en est-il d'un éventuel nouveau recours massif à l'activité partielle ?
Depuis la fin de la crise liée à la Covid-19, le recours à l'activité partielle est revenu dans la norme et s'est stabilisé. En juillet 2022, la France y a consacré 20 M€, dont un tiers à la charge de l'Unédic et deux tiers à la charge de l'État. C'est légèrement plus qu'en 2019, mais sans commune mesure avec les pics à plus de 8 Md€ enregistrés en avril 2020 lors du premier confinement. Pour 2023, nos prévisions, fondées sur les demandes d'autorisation préalable, restent cependant prudentes, avec 200 M€ à la charge de l'Unédic. Le retour aux standards d'avant crise est prévu pour 2024, avec 100 M€.
Au-delà de l'indemnisation des demandeurs d'emploi, comment l'Unédic accompagne-t-elle les parcours professionnels des actifs ?
L'Unédic se mobilise pour que l'Assurance chômage protège les parcours professionnels dans toute leur diversité, avec une série de dispositifs. Par exemple, le contrat de sécurisation professionnelle (CSP), dont 40 000 salariés licenciés économiques ont bénéficié en 2022. Les récentes études ont démontré son efficacité pour accélérer le retour à l'emploi. Cet accompagnement concerne aussi l'aide à la création ou reprise d'entreprise. Sur près d'1 million d'entrepreneurs qui se sont lancés en 2021, l'Assurance chômage en a aidé 280 000, soit 1 sur 3. Les projets de formation sont également soutenus grâce à l'Allocation d'aide au retour à l'emploi formation (ARE-F). Ce dispositif en forte croissance (+30 %) a été versé à 4 % des allocataires en 2021. Enfin, depuis 2019, l'allocation pour les travailleurs indépendants (ATI) permet aux indépendants de bénéficier d'une allocation forfaitaire en cas de cessation de leur activité. Avec 30 ouvertures par mois, ce dispositif reste encore marginal.
L'écosystème de l'emploi et du chômage va bientôt évoluer avec la création de France Travail, dont les travaux de préfiguration ont été lancés fin 2022. L'Unédic y contribue. Quelle doit être sa place vis-à-vis de ce nouvel acteur ?
C'est aux partenaires sociaux d'en décider, en concertation avec l'État et les autres parties prenantes, en fonction du futur périmètre et des moyens de France Travail. Quoi qu'il en soit, l'Unédic doit continuer à piloter et gérer l'Assurance chômage, en veillant à protéger les parcours professionnels au plus près des réalités de l'emploi.