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Patricia Ferrand : «J’aborde ce nouveau mandat avec gravité et détermination»

Dans le rapport d’activité 2021, Patricia Ferrand, la présidente de l’Unédic, fait le bilan de l’année écoulée et souligne les perspectives pour 2022, en particulier les futures négociations d’assurance chômage.

5 mai 2022

Vous venez d'être élue à la présidence de l'Unédic, comment abordez-vous ce nouveau mandat ?

Dans un contexte extrêmement compliqué, du fait de l'instabilité sanitaire et économique, et compte tenu du contexte international et des échéances politiques, j'aborde ce mandat avec une certaine gravité mais aussi avec détermination. Avec une certaine gravité parce que la situation financière du régime d'assurance chômage a été fortement impactée par une crise sans précédent, en 2020 et 2021. Et avec détermination parce j'ai la volonté que nous continuions à l'Unédic d'être des acteurs de la démocratie sociale que nos organisations entendent faire vivre. Grâce à la confiance des autres administrateurs et des membres du Bureau, je sais que nous formons un collectif solide pour répondre aux enjeux des deux prochaines années.

En 2021, le régime a renoué avec les excédents après avoir joué pleinement son rôle d'amortisseur économique et social face à la crise. Il a prouvé sa solidité, sa résilience. Quel bilan tirez-vous de cette année ?

Depuis deux ans, le régime d'assurance chômage a prouvé sa solidité et sa capacité à répondre rapidement aux besoins des demandeurs d'emploi, des salariés et des entreprises. Et les équipes de l'Unédic, que je tiens ici à saluer, ont pleinement assuré son bon fonctionnement en cette période très difficile. Mais ce rôle d'amortisseur économique et social, ce soutien historique, a un coût : à fin 2021, la dette atteignait près de 64 Md€, dont 20 Md€ de «dette Covid» qui ont financé l'activité partielle et les mesures d'urgences. Cette situation financière n'est pas neutre quant à l'avenir du régime. Aujourd'hui, avec la reprise économique, la fin des mesures d'urgence, mais aussi l'application de la réforme de l'Assurance chômage, il renoue avec les excédents et amorce sa trajectoire de désendettement, mais on ne ressort pas de 2021 comme on est entré en 2020.

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Vous avez prolongé le contrat de sécurisation professionnelle (CSP) jusqu'à fin 2022. Quels sont les enjeux spécifiques à ce dispositif ?

Le CSP est destiné à des licenciés économiques d'entreprises de moins de 1000 salariés qui ne bénéficient pas du congé de reclassement. C'est pour cette raison qu'en juin 2021, les partenaires sociaux ont décidé unanimement de le prolonger jusqu'à fin 2022. A cette époque, la situation était encore très instable. On se demandait si la fin des aides aux entreprises allait causer des faillites et donc des licenciements économiques. Aujourd'hui, le CSP joue toujours un rôle clé pour les salariés licenciés économiques, mais nous devrons réfléchir à son évolution pour qu'il puisse aussi sécuriser les transitions ou reconversions professionnelles. Car au-delà de la crise sanitaire, certaines mutations, comme la transition écologique, se sont accélérées. Elles vont avoir un impact sur les compétences et sur l'emploi.

En quoi les instances régionales (IPR) sont-elles un atout pour l'Unédic ?

Elles sont essentielles parce qu'à travers les recours des demandeurs d'emploi, les partenaires sociaux peuvent appréhender concrètement certaines conséquences de la réglementation d'assurance chômage. Ces instances sont aussi un espace de discussion privilégié sur l'emploi, la formation professionnelle, mais aussi le chômage. C'est un point d'ancrage local important pour les partenaires sociaux, permettant d'analyser le marché du travail. En amont des préparations de négociations d'assurance chômage, les IPR permettent d'identifier ce qui se passe sur le terrain et les besoins qui peuvent s'exprimer dans chaque bassin d'emploi.

Pour en savoir plus : Un quart des membres des instances paritaires régionales renouvelé en 2022

2022 sera une année riche en événements. Comment allez-vous solliciter les équipes de l'Unédic au cours de l'année ?

C'est en effet une année assez particulière parce qu'on est dans un contexte d'élection présidentielle et qu'il faudra attendre le nouveau gouvernement pour savoir ce qui va se passer, notamment sur la négociation d'assurance chômage. Mais toute négociation se prépare, et il est de notre responsabilité d'y participer. Les travaux préparatoires effectués par les équipes de l'Unédic doivent donc démarrer au plus tôt pour nourrir les réflexions paritaires. Même si nous sommes encore en période de carence, la négociation des règles d'assurance chômage par les partenaires sociaux est toujours dans les textes.

De futures négociations sur la Convention tripartite État-Unédic-Pôle emploi sont aussi prévues en 2022. Quels premiers enjeux identifiez-vous ?

La convention tripartite, dont la mise en œuvre a été très bousculée par la crise, se termine fin 2022. Les prochaines négociations seront donc l'occasion de réfléchir aux conséquences de cette crise sur le marché du travail, sur les profils des demandeurs d'emploi et leurs parcours. Il faudra réfléchir à une évolution éventuelle de l'offre de services, de l'organisation de l'accompagnement des demandeurs d'emploi et des entreprises, en fonction de leurs nouveaux besoins. La question de la gouvernance et de son fonctionnement sera aussi nécessairement un point majeur des discussions.

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